La Bretagne est connue pour ses mégalithes ce qui lui vaut une partie de son attrait touristique. Dans l’espace sénégambien, sur une surface de 36′000 km2 de savane arborée, se trouve une autre grande province mégalithique beaucoup moins connue. Si aujourd’hui cette région est composée de deux entités politiques, le Sénégal et la Gambie, qui, du fait de la colonisation par deux puissances coloniales différentes, sont séparées également par deux langues officielles distinctes, le français et l’anglais, il n’en a pas toujours été ainsi comme le démontre à l’évidence la présence de part et d’autre du fleuve Gambie de cercles de pierres appartenant à une même culture préhistorique de l’âge du Fer.


Mégalithes dans la savane à Sine Ngayène (photo: Stéphane Pradines)

Datés entre le 2ème siècle avant notre ère et le 15ème siècle après, ces pierres dressées sont généralement de forme cylindrique ou rectangulaire. Elles sont faites de latérite, une roche de couleur rougeâtre due à la présence d’oxyde de fer. Depuis le mois de juillet de l’année dernière quatre ensembles de ces pierres dressées ont été inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Ce sont les sites de Sine Ngayène et de Wanar dans le centre-ouest du Sénégal et ceux de Wasu et de Kerr Batch en Gambie. Ces sites doivent servir de base à des projets de tourisme culturel, tant au Sénégal qu’en Gambie. Actuellement, les autorités sénégalaises en sont à l’évaluation de ce projet, alors qu’en Gambie, chacun des deux sites précités est déjà pourvu d’un musée local. Des recherches sont actuellement en cours au Sénégal par les universités du Michigan (USA) et Cheikh Anta Diop de Dakar sous la direction conjointe des professeurs Augustin Holl et Hamady Bocoum pour donner à ces mégalithes leur pleine valeur culturelle par la connaissance de leur passé. Un rôle funéraire leur semble dévolu, mais il n’est pas exclu que d’autres fonctions leur soient reconnues. Comme le montre l’exemple de la Bretagne la culture et le tourisme doivent travailler ensemble. Le jour où les cromlechs et les alignements de pierres dressées seront présents sur les cartes postales reçues de l’espace sénégambien, les autorités de ces pays auront réussi leur pari d’ouverture au tourisme culturel.