Un des principaux concepts de l’archéologie est celui de «fossile directeur» ou de «fossile indicateur». Il s’agit en général d’un objet facilement identifiable qui en fonction de sa forme et de son décor caractéristiques permet d’assurer une datation précise du contexte dans lequel il y été mis au jour. Il en est ainsi de certaines céramiques, comme les tessons à impressions de cordelettes de la Civilisation Cordée, des gobelets en forme de cloche du Campaniforme, ou des céramiques sigillées à travers l’Empire romain. En suivant ce concept, il est hors de doute que la bouteille de Coca-Cola sera pour les archéologues du futur l’un des marqueurs chronologiques des strates attribuables au 20ème siècle, en raison de sa large diffusion à travers le monde, n’en déplaise aux publicitaires travaillant pour la concurrence.
Coca-Cola Evolution
Évolution de la bouteille de Coca-Cola.

Depuis la création de cette boisson, la forme et le décor de la bouteille a subit une évolution perceptible. Les plus anciennes bouteilles, commercialisées dès 1894, étaient de forme cylindrique et obturée d’un simple bouchon de liège, comme les bouteilles de vin. La forme sinueuse que nous lui connaissons actuellement n’apparaîtra que plus tard, mais le premier prototype est rapidement abandonné car sa base trop étroite par rapport au diamètre maximum de sa panse la rendait instable sur les bandes de transports de la station d’embouteillage. D’une forme inspirée par la cabosse contenant les graines de cacao, c’est métamorphosée en suivant les courbes et le galbe d’une femme que nous la connaissons désormais. Il est donc assez naturel qu’un styliste comme Karl Lagerfeld, se soit vu confier, dès l’année dernière, la mission d’habiller à sa manière la bonne vieille bouteille de Coke. Cette année, sa seconde édition du Coca-Cola Light sur fond blanc, sortie le 8 avril, s’apparente à une collection déclinée en trois motifs soit à pois argentés, à rayures roses ou à étoiles noires. Ainsi, si chaque année connait une nouvelle série, la célèbre bouteille, deviendra  pour nos collègues du futur, un terminus post quem aussi utile et précis qu’une pièce de monnaie.