Comme j’ai déjà eu l’occasion de le signaler dans ce blog, il existe une certaine concordance d’activités entre paléontologues et archéologues amenant bien souvent une confusion des rôles. Ainsi dans le canton du Jura les recherches archéologiques en relation avec la construction de la Transjuranne ont amenés à la découverte de traces de dinosaures et de faune du Jurassique supérieur. Dans le désert du Ténéré, au centre du Sahara, c’est une équipe de paléontologues conduite par Paul Sereno, qui dans le cadre d’une mission de l’association étasunienne Project Exploration ayant pour but la recherche de dinosaures dans la zone ont découvert une importante nécropole, permettant de mieux connaître les populations qui vivaient au Sahara durant sa période humide, quand cette région était une savane arborée et pas encore le plus grand désert chaud du globe.

Gobero
Fouille d’une triple sépulture (photo : Project Exploration)

Le site archéologique mis au jour est situé près des rives d’un ancien lac au centre du Niger. Baptisé Gobero par les Touaregs, le gisement a livré au cours de deux campagnes de fouilles quelque 200 sépultures. Des analyses effectuées sur des dents et ossements au radiocarbone, ont permis d’obtenir près de 80 datations, révélant que ces tombes contiennent des membres de deux populations biologiquement distinctes ayant vécu à plus d’un millénaire d’écart. La plus ancienne, les Kiffians, qui pouvaient mesurer jusqu’à 1,80 m, étaient des chasseurs qui ont colonisé cette région du Sahara durant sa période la plus humide il y a près de 10’000 ans soit entre 7700 et 6200 ans avant notre ère. Des indices de leur activité comme de longues perches munies de harpon ont été retrouvés. L’autre population, les Ténéréens, a occupé le site au Néolithique entre 5.200 et 2500 ans avant notre ère, ce qui correspond à la dernière partie de la période humide du Sahara. De plus petite taille, ils semblaient avoir des activités plus diverses comme la pêche, la chasse et l’élevage. Le résultat de ces recherches est publié dans la revue PLoS One ainsi qu’une vidéo sur le site du National Geographic , société qui finance également une partie des études.