Créé par la loi sur l’archéologie préventive de 2001, l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) vient de célébrer son sixième anniversaire. Depuis lors l’INRAP a réalisé 1100 fouilles, a dressé 11’000 diagnostics portant sur plus de 62’500 hectares du sol français. De 2002 à 2007, les surfaces diagnostiquées sont passées de 7’700 à 11′400 hectares et ses équipes mènent quelque 300 fouilles par an. Sur le site internet de la chaîne de télévision France 2 on découvre un intéressant article intitulé « INRAP : la montée en puissance » du journaliste Laurent Ribadeau Dumas qui traite des conditions actuelles de l’archéologie préventive en France, et qui donne, en rappel, le liens vers deux dossiers très utiles à méditer. Le premier dossier présente le paysage actuel de l’archéologie préventive en France, le second pose la question du rôle des sociétés privées dans l’archéologie.

Archéologues au travail

Archéologues au travail en France (photo : INRAP, Loïc de Cargouët)

La redevance payée par les aménageurs est le vrai détonateur de cette effervescence archéologique en France. La Suisse, qui était très bien partie dans le domaine de l’archéologie préventive il y a plus de quarante ans, grâce à l’arrêté du Conseil fédéral du 13 mars 1961 qui assurait le financement par la Confédération des fouilles sur le tracé des futures routes nationales et pour ses propres travaux, n’a pas su mettre à profit cette expérience pour l’imposer dans les législations cantonales, si bien qu’en 2008, alors que le réseau de 2000 km d’autoroutes est presque achevé, plus aucun financement public ou privé ne vient remplacé la manne fédérale, qui se fera, sans doute, plus rare encore, avec l’entrée en vigueur, le 1er janvier dernier, de la nouvelle répartition des tâches entre les cantons et la Confédération. Frédéric Rossi, l’un des fondateurs et administrateur d’Archeodunum S.A, présente bien, dans ses réflexions à lire sur le site de France 2, ce que l’on peut maintenant faire en France, que l’on ne pourra bientôt plus faire en Suisse. De plus, dans l’article qu’il a écrit pour le dernier numéro de la revue Archéologie suisse (4/2007), Frédéric Rossi pose, en conclusion, la bonne question pour notre pays :« Doit-on en arriver à une loi de financement qui impose aux aménageurs le coût des investigations archéologique ? Il n’y a qu’un pas qui… ». Malheureusement, peu de bonnes volontés semblent se manifester pour répondre à la question et faire ce grand pas.